Robert Crumb est un dessinateur de bande dessinée américain, né à Philadelphie le 30 août 1943. C'est l'une des figures de proue du comix underground depuis les années 1960.
Robert Crumb est très tôt attiré par la bande-dessinée. Avec son frère cadet Maxon et sous l'influence de son aîné Charles, il dessine énormément et très tôt. Avec Charles, il réalise pendant plusieurs années un comics intitulé "Funny Friend" uniquement pour eux. Plus tard, toujours avec son frère Charles, il dessine un fanzine nommé "Foo" qui est vendu au porte-à-porte au prix de 15 cents. Quand le mouvement hippie se développe, il arrive à San Francisco et rencontre de nombreux dessinateurs comme Gilbert Shelton et Spain Rodriguez. Il propose ses premières planche à Harvey Kurtzman qui le publie dans son magazine "Help". Il publie ses premiers dessins dans les » Zap Comix” (comics auto-édité, créé par Robert Crumb en 1968)
Ses héros les plus célèbres sont "Fritz the Cat", un chat paillard, et "Mister Natural", gourou cynique.
Il dessine également des pochettes de disques, dont la plus célèbre est Cheap Thrills de Big Brother and the Holding Company avec Janis Joplin.
Ralph Bakshi fait une adaptation de Fritz the Cat en dessin animé, un des premiers dessins animés pour adulte. Crumb a toujours considéré le résultat comme un ratage et ne veut pas y être associé, c'est d'ailleurs après la sortie du dessin animé qu'il décide de faire assassiner son héros Fritz par une autruche, avec un pic à glace.
Son style est inspiré par celui du graveur William Hogarth mais aussi par les dessinateurs classiques de la bande dessinée américaine, tels que E. C. Segar, Rudolph Dirks, George Herriman, Walt Disney et Floyd Gottfredson. Ses thématiques, très souvent caricaturées, sont d'une grande richesse.
Il est tout d'abord le Jean-Jacques Rousseau de la bande dessinée, confessant ses inhibitions, ses fantasmes, ses difficultés relationnelles, ses frustrations, ses aigreurs, bref tout ce qu'il peut y avoir de minable dans la condition d'homme. Son manque de complaisance et son honnêteté sont totales et le font rejeter par un certain public qui trouve l'exposition de certaines réalités ou de certaines fantaisies bien trop obscènes.
Apprenant que Robert Crumb était fait Grand prix de la ville d'Angoulême (en 1999), le scénariste-dessinateur Greg (cf : Achille Talon) s'est indigné qu'un has-been qui (pensait-il à tort) ne dessinait plus, ait obtenu une distinction honorifique aussi importante :
« Crumb, grand chantre de l'underground, était, avec Gilbert Shelton, le grand spécialiste en comic books de la piquouze hilarante, des volutes du shit, du sexe énorme et poilu, des mamelles colossales et du caca tous formats. Cela fit rire en son temps tous ceux qui voyaient là une revanche contre les parents, les flics, les maîtres, l'ordre établi, le bon goût, etc. Ce n'est pas nouveau. Seulement, il y a vingt ans que la vague est retombée. »
— La Lettre de Dargaud, 1999
Crumb nous livre par ailleurs un témoignage historique sur la période dite "psychédélique", sur les expérimentations de LSD, sur la libération sexuelle — qu'il n'a pu vivre lui-même qu'une fois devenu célèbre.
Son œuvre est parcourue par une grande nostalgie : dans le changement, il ne voit que ce qui se perd et tente par le dessin de témoigner de son pays, du blues des années 1930, des changements vestimentaires, etc.
En 1980, il crée la revue Weirdo, qui rassemble des dessinateurs de l'underground et des dessinateurs plus récents. En 1993, il fait paraître "Kafka for beginners" à partir d'une biographie écrite par David Mairowitz. Il ne touche pas un cent pour le dessin animé de "Fritz le Chat" et refuse de dessiner une pochette pour les Rolling Stones, car il n'aime pas leur musique.
Kafka, par Crumb
En 1994, le cinéaste Terry Zwigoff a tourné « Crumb », un film documentaire consacré à la carrière de Robert Crumb, à sa vie et à sa famille.
En 2001, pendant six mois, une des plus belles expositions du Musée de l’érotisme présente "The Sex Obsession of Robert Crumb" : 200 planches et dessins uniquement consacrés à l'un de ses sujets majeurs.
Collectionneur de disques 78 tours, il se passionne particulièrement pour le blues, le jazz, la country et l’Old-time music, ainsi que pour le bal musette parisien des années 1920 et 1930, dont il est l'un des plus fins connaisseurs. Il réalise la pochette de nombreux disques, notamment ceux des « Primitifs du Futur », groupe du guitariste Dominique Cravic, dans lequel il joue occasionnellement du banjo et de la mandoline, et avec qui il enregistrera quatre disques.
En 2009, il réalise le dessin de couverture et l'habillage graphique du coffret de 10 CD France, une anthologie des musiques traditionnelles, produit par Guillaume Veillet et sorti chez Frémeaux & Associés (Grand Prix International du Disque de l’Académie Charles-Cros). Il sort la même année une adaptation de la « Genèse » en bande dessinée chez Denoël Graphic, fruit de plusieurs années de travail.
En 2012, le musée d'art moderne de la ville de Paris lui consacre une rétrospective, « De l'Underground à la Genèse », du 13 avril au 19 août.
Créateur de la bande dessinée underground américaine, Robert Crumb est devenu un artiste culte du XXe siècle grâce à un regard et un humour singuliers. Plus de quarante ans après ses débuts, son art est enfin reconnu à sa juste cause : après la réédition de ses œuvres, le Musée d’Art Moderne de Paris lui a rendu un hommage amplement mérité. Retour sur l’œuvre d’un personnage haut en couleurs.
C’est à Philadelphie que naît le jeune Robert Crumb. Élevé par une mère psychotique (accro aux amphétamines) et par un père autoritaire et violent, le jeune homme trouve avec son frère aîné Charles une échappatoire dans la bande dessinée. Cette initiation à cet art commence naturellement avec les histoires de Walt Disney, Little Lulu puis des œuvres plus satiriques comme le magazine débridé Mad mais aussi Humbug. Alors que son grand frère commence à sombrer dans la folie (son quotidien se résumera toute sa triste vie à la dépression, aux délires paranoïaques et aux séjours en hôpital psychiatrique), Robert fonde son premier fanzine "Foo" qui le met en contact avec d’autres férus de bandes dessinées. Alors que son aîné l’avait initié à la narration et aux dessins, l’élève dépasse le maître. La vie de Robert Crumb prend alors tout son sens : il sera dessinateur de bande dessinée. Dès son adolescence, il trouve son domaine (la satire) et ses obsessions qui guideront sa vie (les femmes et les limites de la morale américaine).
La consécration...
C’est en 1964 que Robert Crumb commence à gagner sa vie en dessinant. Il illustre alors ses premiers reportages pour le magazine Help ! (dont la première planche de Fritz The Cat) et travaille aussi en illustrant des cartes de vœux pour Topps et American Greetings... L’année suivante, il fait sa première exposition, sans succès. Mais c’est à San Francisco, alors en pleine fièvre hippie, que Robert va se faire connaître. Grâce à la presse alternative, ses dessins satiriques trouvent écho chez une génération décomplexée. Cette notoriété lui permet de sillonner les États-Unis.
Sa popularité grandit en créant "Fritz The Cat" qui deviendra littérallement une BD culte. Après plusieurs collaborations dans divers magazines et zines de l'underground, comme "Arcade", "Bijou Funnies", "San Francisco comic", "Yellow Dog", "Bijou" ou "Snarf", et plusieurs autres dont le légendaire "Zap".
Après l’adaptation de "Fritz The Cat" en dessin animé, et le succès de "Zap", Crumb lance la revue "Weirdo" qui soutient la nouvelle vague de BD underground et publie de ses planches dans des BD zines, comme "Hup" ou "Screw".
Apprécié dorénavant à l’underground comme au milieux mainstream, Robert Crumb est devenu une icône du XXe siècle. Son oeuvre est une référence à l'épopée hippie, sinon à la déchéance du XXème siècle. Il est pionnier la BD underground, et maitre de l'irrévérencieux. Robert Crumb
Crumb et les femmes...
Il suffit d’ouvrir à peu près n’importe quelle bande dessinée de Robert Crumb, quelle que soit l’époque, pour voir les préoccupations principales du Monsieur. Des femmes, des femmes et des femmes. À perte de vue. Mais pas n’importe lesquelles. Des jambes surdimensionnées, des fesses massivement rebondies : une chose est sûre, Crumb n’est pas très porté sur la taille mannequin. Se reconnaissant lui-même comme un peu obsédé, le dessinateur n’a eu de cesse tout au long de sa carrière de voguer entre la sublimation du corps féminin et sa réduction au simple statut d’objet sexuel. Mais quand on se penche un peu sur certaines BD comme Mes problèmes avec les femmes, on se dit que Robert Crumb est peut être la seule personne au monde capable de faire d’un pervers un mec super cool.
Crumb et la musique...
En 1967, Robert Crumb dessine la célèbre pochette du disque Cheap Thrills de Big Brother and the Holding Company, le premier groupe de Janis Joplin. Ironie du sort, Crumb avait un profond dégoût pour le rock psychédélique et il reconnaîtra plus tard qu’il ne cherchait à intégrer ce monde que pour y draguer de jolies hippies portées sur l’amour libre. Dès son plus jeune âge, le dessinateur s’est pris de passion pour le vintage du vintage et plus précisément pour la country, le blues, le early jazz et tout ce qui forme la musique traditionnelle américaine. Possesseur de 6000 disques vinyles, l’Américain est une véritable incarnation du refus de la modernité, comme en témoigne son goût pour la musette française : il a réalisé les pochettes des très justement nommés Primitifs du Futur au sein desquels il joue du banjo et de la mandoline.
Crumb au musée...
Pour tout amateur de BD qui se respecte, c’est peu de dire que c’est un véritable bonheur de voir Robert Crumb investir les murs du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris du 13 avril au 19 août prochain. Celui que l’on a longtemps considéré à tort comme un freak de base dont les dessins provocants choquaient les bien-pensants va donc avoir sa vengeance, même si en soit, il n’en a sans doute rien à faire. Réunissant plus de 700 dessins réalisés par l’artiste entre 1960 et aujourd’hui, cette exposition sera notamment l’occasion de découvrir une partie de sa période française, parfois moins connue du grand public.
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