vendredi 11 juillet 2014

BD DE L'ÉTÉ : "IN GOD WE TRUST"



IN GOD WE TRUST
Auteur : Winshluss
Éditeur : Les Requins Marteaux


Après s’être attaché à déconstruire "Pinocchio", Winshluss s’attaque au livre de contes et de légendes le plus lu au monde :  "La Bible".

Un narrateur extérieur, Saint Franky, guide le lecteur, en portant une vision particulièrement acerbe, à travers les différents épisodes marquants de l’Ancien et du Nouveau Testament. Tout comme, précédemment, "Pinocchio" investissait les multiples parties de l’âme humaine, « In God We Trust » s’attelle à envelopper la Bible de plusieurs auras. Allant de la parodie du comic book (God vs Superman) à la tragédie adultérine, en passant par une étude sur la disparition des dinosaures, la densité du livre ne laissera au lecteur aucun répit.

Ponctuées d’anecdotes inédites, les fabuleuses aventures de Dieu narrées par Winshluss nous en apprendront plus sur ce mystérieux personnage. Véritable voyage spirituel, In God We Trust, apparaît comme une grande épopée où le dessin, majestueux, oscille entre planches de bandes dessinées, gravures, fausses publicités et aquarelles. À la fois didactique et moqueur, Winshluss s’amuse beaucoup et retrouve l’humour dont il avait su doter Pat Boon, Happy End ou Monsieur Ferraille.

Les aventures de Dieu, du petit Jésus, de Marie, etc. Une relecture parodique et anticléricale, jouissivement drôle, de zo baillebeul, par l’un des meilleurs spécialistes de l’exercice : Winshluss !

L'histoire : Une flèche en travers du crâne, Saint Franky nous accueille depuis son petit nuage céleste. Le patron des amateurs de houblon et de bandes dessinées propose de nous servir de guide pour un fantastique voyage au cœur de la Sainte Bible. Tout commença lorsque Dieu, dans son bleu de travail, peignit un beau jour la voûte étoilée, bâtit la terre, alluma la lumière, installa la plomberie, déroula le gazon, détacha de leur grille de plastique moulé les petits animaux qu’il décora à la main avec son petit pinceau à maquettes. Puis, avec la poussière qu’il restait du ménage, il façonna l’homme à son image, ce qui est assez balèze. Mais une fois qu’Adam (ah oui, l’homme s’appelait Adam) a eu fini de donner un nom différent à toutes les bestioles du jardin d’Eden, il s’emmerda ferme. Alors Dieu lui colla une partenaire, Eve, pour qu’il puisse jouer au badminton. Un poil plus tard, tous deux acceptèrent de croquer dans la pomme d’un serpent pernicieux, ce qui revenait à désobéir à Dieu. Aussitôt, leurs corps furent brûlants de désir et ils forniquèrent devant la caméra du serpent qui, en fait, vendait des films pornos sous le manteau aux innocents petits lapins du jardin d’Eden...

En 2008, Winshluss avait frappé fort avec son monumental « Pinocchio » ; à tel point que l’ouvrage avait (carrément) décroché le fauve d’or du meilleur album à Angoulême (février 2009). Quelques rééditions et 5 années plus tard, le revoilà (enfin) avec un nouvel album, joyeusement anticlérical.

Beaucoup de parodies pamphlétaires se sont pourtant déjà répandues sur la chose religieuses, qui a le mérite d’offrir moult aspérités dans lesquelles s’engouffrer... pourtant, Winshluss trouve encore des dizaines de biais judicieux pour nous faire rire à se tordre. Tantôt il use du running-gag, tantôt c’est un dessin d’humoristique qui frappe en plein dans le mile, tantôt une pleine page avec emphase (et des petits détails truculents), tantôt une fausse pub trash… On ne s’ennui pas !

Représenté en cyclope fumiste, le héros, "Dieu", est omniprésent (c’est logique) et il pigeonne les humains à tour-de-bras. Mais on croise aussi le fiston jaloux et obséquieux "Jésus" (évidemment), et l’archange secrétaire Gabriel, et une Marie romantique à baffer et même Conan le barbare et Superman !

Découpé en autant de chapitres que de célèbres anecdotes bibliques (le Péché Originel, la Création, la Traversée de la Mer Rouge, la Résurrection…), « In God we Trust » traite les grands thèmes du dogme biblique, avec une impertinence aussi rafraîchissante que jubilatoire. Cette entreprise de déconstruction méthodique du mythe catholique rendra malade plus d’une grenouille de bénitier. Amen.

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