vendredi 4 juillet 2014

L’ART DE TRAVESTIR LA JOCONDE

Les travestissements de la Joconde...

Au XXe siècle les surréalistes, pour protester contre "l'art établi" détournèrent le tableau de la "Mona Lisa". Le premier détournement célèbre du tableau de Léonard est dû à Marcel Duchamp, qui, en 1919 l'affuble de moustaches et lui donne l'allographe de « L.H.O.O.Q. ». Cette irrévérence provocatrice fit grand éclat et marque le début d’une suite d’utilisations cocasses, insolentes de l’icône vénéré des arts académiques.

Marcel Duchamps, 1919

Par la suite, les artistes qui l'ont reprise, fêtée ou travestie sont légion, de Botero à Basquiat, en passant par Dali, Corot, Robert Delaunay ou Fernand Léger...


Autoportrait de Salvador Dali


illustration à la Magritte : Rudolfs Kristapsons


illustration : Fernando Botero

L’acte le plus iconoclaste fut sans doute de réduire la Joconde à n’être qu’un "objet comme les autres", suivant le propos de Fernand Léger en 1930.

La Fièvre du « Travestisme » de la Joconde a donc débuté avec l’œuvre choc de Marcel Duchamps « L.H.O.O.Q. », et s’est poursuivit jusqu’à nos jours avec toujours plus de ferveur et de sarcasme.

À force de vulgarisation, la Joconde figure aujourd’hui en bonne place au Panthéon de la mythologie moderne, parmi des personnages réels ou imaginaires : entre Marilyn et Mickey, Einstein et Charlie, Warhol et Tintin…

" Un objet comme les autres "



Fernand Léger, Joconde aux clefs (1930)

Fernand Léger avait raison lorsqu’il affirma que la Joconde n’est qu’"un objet comme les autres". Notre société a tendance à confondre image et réalité. Ainsi, la toile de la Joconde a la même valeur intrinsèque que n’importe quelle autre toile peinte à son époque. Conservée sous verre et entourée de gardiens de sécurité, la Joconde est fragile et vulnérable, au contraire de son image. C’est sa valeur médiatique qui est grande et ainsi démesurée par rapport à sa valeur réelle, ou intrinsèque. C’est à ce moment qu’il y a mythification.


Comme l’a affirmé le philosophe de l’esthétique Adorno dès 1970, " les œuvres les plus célèbres des maîtres les plus connus sont les fétiches de la société de marchandise ". Et comme l’affirme Barthes, " la fonction du mythe, c’est d’évacuer le réel ".

Observant ainsi le mythe de la Joconde, si nous le voyons sans l’appellation "mythe" collé dessus, nous oublierons le côté réel des choses, cet esprit rationnel nous faisant si souvent défaut. Le réel sera donc invisible à nos yeux et, observant la Joconde nous ne verrons non pas une peinture âgée et en décomposition mais bien "la plus belle image au monde" ou le "chef-d’œuvre de la Renaissance".


sérigraphie de Andy Warhol de 1963


graphic converter promo à la Lichtenstein


illustration : Mr. Rallentando


Asbjorn Lonvig, "Mona VIII" (2003)


Patrice Murciano, 1969


illustration : Peter Max


illustration : Yangyang Pan

Aucun commentaire:

Publier un commentaire